Sondage et boule de gomme

Depuis plusieurs années maintenant les sondages font partis de la vie quotidienne, un petit brin de presque tous les bulletins de nouvelle. Les sondages sont en somme une petite version des élections, une expression de l’opinion populaire sur un sujet x. Personnellement j’ai de très gros problème avec cette grande présence des sondages dans notre société. Premièrement car il est extrêmement facile de faire « mentir » un sondage. Par exemple, un sondage pas très ancien sur le racisme passait dans les médias avec comme en grande conclusion/nouvelle : 59% des Québécois racistes! C’est très grave, non? Bien si on regarde la question et ses résultats complets on trouve une situation un peu moins troublante : Vous personnellement à quel point vous considérez-vous comme raciste? 1% fortement raciste, 15% moyennement raciste, 43% faiblement raciste, 39% pas du tout raciste et 1% s’abstiennent. Il n'y a pas de 59% raciste, sauf si on fait la somme des faiblement, moyennement et fortement raciste… Sans parler de la question et des réponses, pensez-y qui peut honnêtement dire qu’il est sans aucune pensé raciste? Que veut dire exactement raciste? Le pire dans ce résultat et cette interprétation est que je crois que s’il n’y avait pas eu à ce moment un débat sur l’identité et les accommodements raisonnables, le grand titre aurait été : Les Québécois peu racistes!

Il y a dans ce type de sondage et d’interprétation médiatique un maque d’objectivité grave. Parce que sérieusement, on ne peut rien extraire de cette question et de ces réponses. On ne sait rien de l’échantillon et de la marge d’erreur deux choses qui sont extrêmement importantes dans les sondages, de plus le journaliste rapportant la nouvelle voulait assez « subtilement » faire passer un message. Aussi, notre société se retrouve devant un autre problème, le gouvernement a tendance à axer ces politiques sur le résultat de sondage. Dans les situations comme celle-ci cela pourrait amener la création de commission bidon non nécessaire ou la formulation de nouvelle loi antiracisme pour palier à un problème qui n’existe pas.

Le problème devient encore plus criant et important lors que le sondage ne questionne pas sur des opinions subjective mais bien sur des sujets plus objectifs. Par exemple, un sondage sur l’évolution vs le créationnisme (comme science non pas comme dogme religieux) pourrait être utilisé pour forcer l’enseignement de cette « science » dans les écoles. Pourtant, l’approbation de la population pour ce dogme religieux ne la transforme pas en science valide.

Aussi un sondage sur l’opinion de la population pourrait être utilisé comme « fait » dans un débat. Si par exemple un sondage déclarait que 59% des Canadiens (ou Québécois) pensent que le Canada a déployé des troupes en Irak pour aider les Américains, ça ne changerait pas le fait que le Canada ne support pas la guerre en Irak et n’a pas déployé de troupe en support des forces de la coalition.

En gros, je pense que les sondages peuvent être des outils très important pour l’étude d’une population mais sans les connaissances nécessaire pour bien les interpréter et une bonne compréhension des questions posées, ils sont de dangereuses armes de propagande. Il est trop facile de détourner le résultat d’un sondage si on cache sa méthodologie pour les utiliser un peu partout sans plus d’éducation à leur sujet.